Politique

Friedrich Merz au pouvoir : Le vote allemand, une victoire des Normies ?

Thierry Breton nous a une fois de plus menti : On pensait le vote allemand enfin capable de briser la doxa des néoconservateurs/Européistes avec le changement de camp de l’un des pays clés du continent. Hélas, les résultats sont désastreux !

mise à jour le 28/02/25

La victoire des pro-guerre risque de ressembler à un chant du cygne. Merz en est d’autant plus dangereux, car son gang est poussé à affronter la Russie, même si cela suppose d’envoyer les hommes qu’ils n’ont pas !

Pourtant, ces élections s’annonçaient sous les meilleurs auspices : Les effets délétères de la politique pro-Ukraine et les délocalisations vers les USA démontraient les dégâts de la politique en cours depuis des années. L’AFD, le Bündnis Sarah Wagenknecht, tout montrait le réveil de puissantes forces politiques pour enfin ébranler le Bundestag et prêtes à tirer parti de la mauvaise situation économique. On pouvait légitimement en attendre, si ce n’est une majorité capable de gouverner, au moins un résultat où le plan annoncé de Scholz : Une grosse Koalition entre SPD et CDU deviendrait inapplicable, cela semble le cas sans pourtant barrer à ces partis la route du gouvernement.



La dynamique électorale semblait favorable, avec le retrait des USA du soutien à la politique criminelle en Ukraine, on pouvait espérer voir le cynisme éclater. L’Europe, et donc l’Allemagne se retrouve seule avec le naufrage du régime de Zelenski, sans capital démocratique ni espoir de victoire face à une armée russe dont la progression est certes lente, mais régulière et semble s’effectuer au prix de pertes parfaitement soutenables. L’heure de la paix sonnait en Ukraine et pourtant, les élections en Allemagne portent au pouvoir l’un des plus fervents partisans du soutien européen (et allemand) de l’aide au régime Banderiste.

Friedrich Merz est honnête sur le sujet : La CDU soutiendra l’Ukraine, le parti a constamment appuyé la livraison de missiles Taurus pour frapper la Russie et le programme est clair : Soutien par tous les moyens possibles. Rien à redire votre honneur, si cette politique est désormais à rebrousse-poil du sens de l’histoire, elle est clairement annoncée et personne ne peut dire : Je ne savais pas ! D’ailleurs, la tendance de l’opinion est claire : Les Verts, l’un des principaux soutiens à la guerre perdent à peine deux points par rapport à la dernière législative, ce qui dans les circonstances actuelles revient à un blanc-seing de l’opinion.

Là, se pose clairement la question du Pourquoi ? Comment un tel vote est-il possible aujourd’hui après trois ans d’anéantissement de l’armée banderiste malgré l’appui massif des pays de l’OTAN ? Comment, au moment où les Américains retirent le tapis sous les pieds des néoconservateurs, un tel vote est-il possible ? Il y a le poids historique de la CDU, majoritaire dans les Länder du sud et la Ruhr, elle reste le parti du Deutsche Wirtschaftswunder. Ce parti pour lequel on vote par fidélité de toute une vie, car la famille le fait et a toujours voté ainsi. En ce sens, la CDU qui espérait parvenir au-delà des 30 % a perdu son pari. Elle fait mieux qu’en 2021, après seize ans de Merkel, mais il s’agit de son pire score depuis le début des années 2000. Elle perd plus d’un million de voix, au profit de Die Linke, du BSW et de l’AFD, ce qui signifie que les anti-guerre quittent en effet le parti de Kohl, mais elle compense en pillant le SPD (+1 820 000 électeurs), le FDP, son ancien partenaire de coalition (+1 330 000 votes), un peu des Verts, mais surtout, elle attire 1 150 000 abstentionnistes.

Il en va de même des Verts, ils subissent certes une saignée d’électeurs avec la perte de plus d’un million de voix, mais celle-ci est compensée par l’arrivée de 190 000 voix du FDP, 460 000 prises au SPD et 250 000 abstentionnistes qui rejoignent le parti. Ces entrées, si elles ne compensent pas les pertes, en limitent l’impact et montrent qu’au centre droit et à gauche, une partie de l’opinion se range pour la guerre et l’élection a mobilisé avec une participation largement au-delà de 80 %.

Bien sûr, les questions internes ont joué, la politique financière a sûrement décrédibilisé Scholz lâché par le FDP sur la question de l’endettement. Les Allemands lui font sans le moindre doute payer cette légèreté, mais l’aspect demeure mineur et comme nous l’avons vu, les Verts, très engagés sur les nouveaux endettements préservent leur position au parlement. De même, les récents attentats ont très certainement joué un rôle dans un transfert de voix vers la CDU et l’AfD pour une politique migratoire plus stricte, mais les Allemands n’ont sûrement pas oublié Mutti Merkel qui, au nom de la CDU, faisait entrer les migrants en masse. Ils avaient le choix entre CDU et AfD qui tous deux avaient annoncé leur volonté d’une politique de réduction de l’immigration.

On le constate, ce vote s’organise autour de la question de l’Ukraine, seul sujet capable d’expliquer les transferts de voix et si AFD, Die Linke et BSW représentent ensemble environ (le comptage des votes n’est pas terminé au moment d’écrire ces lignes) 33,8 % des votants, cela demeure un tiers des voix et la coalition pro-guerre, si on désire lire ainsi le scrutin (Verts, SPD et CDU) représente 57,2 % des électeurs et l’on s’oriente vers une telle coalition dite jamaïcaine en Allemagne unie par la seule question ukrainienne. Par peur, après tout, les médias ont tellement seriné la menace russe, ou par fidélité aux soi-disant valeurs de l’UE, plus de 57 % du corps électoral a voté pour un parti engagé dans la politique de guerre et de réarmement. En ce sens, le vote est clair, la politique de Trump n’a pas eu le temps de retourner les opinions européennes, la souffrance économique, si elle arrive n’a pas encore imprégné les esprits de ses effets et le peuple allemand s’engage, à mon humble avis, dans une impasse égale à la nôtre. Macron doit être ravi de ce puissant renfort.

Certes, il se fera « piquer le leadership » par un Merz décidé à imposer les options les plus radicales contre les Russes. Nul doute que notre kéké national en sera blessé dans son orgueil, mais à l’énergie brouillonne de notre président va succéder un individu dangereux par son organisation et conscient de ne plus avoir beaucoup de temps devant lui. L’AFD a progressé de 10 points par rapport à la dernière élection, si le BSW parvenait à entrer au Bundestag (il est à 4,9 %, soit juste en dessous de la limite de 5 %) alors, il s’imposerait comme une force politique. À cela, s’ajoute le contexte international, avec la probabilité de voir un Vance, qui a montré sa volonté d’anéantir l’UE succéder à Trump. Certes, les démocrates rêvent certainement de revanche et de revenir à la Maison Blanche, mais force est de constater que les événements du mois dernier ne plaident pas en faveur de ce scénario.

Tout d’abord, la défaite de Kamala Harris n’a encore pas fait l’objet d’un bilan et les puissants clans qui tiennent le parti semblent privilégier l’immobilisme. Ensuite, malgré sa communication, Trump a obtenu un cessez-le-feu à Gaza, avance sur la guerre en Ukraine et son DOGE vient de provoquer un feu d’artifice de scandales. Succès fragiles, encore sans impacts définitifs, mais bien loin de l’explosion en vol annoncée. Merz se retrouve roi d’une Europe qui s’est positionnée en adversaire résolu de la Russie et se trouve contrainte d’affronter son allié de toujours : Les États-Unis. Trump, conscient de la loyauté des élites de l’UE aux néoconservateurs est contraint d’aller jusqu’au bout et de détruire cet instrument d’oppression des peuples européens. Il fera donc tout pour anéantir la base de repli de ses adversaires et face à ce puissant renfort, la victoire des pro-guerre aujourd’hui risque de ressembler à un chant du cygne. Merz en est d’autant plus dangereux, car son gang est poussé à affronter la Russie, même si cela suppose d’envoyer les hommes qu’ils n’ont pas !

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