Erik Skar Baroux : « La musique existait avant les banques, elle existera tant que l’humain existera. »

mise à jour le 08/02/23

Le Média en 4-4-2 vous présente à travers sa série « Artistes à contre-courant » des personnalités courageuses qui choisissent de sortir des sentiers battus malgré les défis qui en découlent. Le troisième épisode met en lumière Erik Skar Baroux, un musicien indépendant évoluant dans le rock et la scène internationale indé. Il a choisi de ne pas signer avec une maison de disque pour explorer les voies alternatives. Vous le connaissez peut-être grâce aux nombreux concerts qu’il a récemment donné dans le cadre de « La Tournée Fantastique ».


Le Média en 4-4-2 : Bonjour Erik, et merci d’avoir accepté l’invitation du Média en 4-4-2. Peux-tu te présenter en 4-4-2, c’est-à-dire de manière concise et efficace ?

Erik Skar Baroux : Je m’appelle Érik Baroux, j’écris des chansons plutôt pop-rock parfois un peu folk, et je les chante sur scène accompagné d’une guitare. Je ne fais que ça depuis l’été 2019, moment où j’ai enfin été un minimum satisfait de mon style, de mon jeu de guitare et de ma voix. Avant cela, j’étais professionnel de la communication, du marketing et de la Digital Intelligence. J’ai bossé pour beaucoup de marques et d’enseignes des cosmétiques à l’industrie lourde en passant par le luxe, le prêt-à-porter, la grande distribution, la construction, la finance, la politique, le show business ou encore les artisans boulangers. J’ai pu explorer à peu près tous les secteurs d’activité et leurs coulisses. Aujourd’hui, ça me permet de pouvoir écrire en sachant à peu près de quoi je parle. Quand j’étais môme, à la question “que veux-tu faire quand tu seras grand” je répondais “aventurier”. C’est que je suis devenu fondamentalement, depuis toujours, même avec ma musique : un aventurier. Et je veux aller le plus loin possible, vivre des aventures exceptionnelles. Et encore j’ai revu mes ambitions à la baisse : je voulais être astronaute, puis médecin sans frontière (j’ai un parcours scientifique et j’ai fait un an de médecine avant de me réorienter vers les arts appliqués), je ne veux plus qu’être rock star internationale !

Le Média en 4-4-2 : Quel est ton parcours artistique ? Quelle est ton actualité du moment ?

Erik Skar Baroux : Au départ je dessine. Môme, je dessinais sans cesse et je me suis assez vite mis à inventer des personnages et leur faire vivre des aventures en BD. Et tout môme aussi, je me suis fait percuté en plein cœur par la musique lors d’un concert donné par un orchestre philharmonique. C’était une des nombreuses sorties scolaires organisée par mon école primaire de Cachan. Je ne savais pas trop où on nous emmenait ce jour-là. Nous sommes tous entrés dans une salle pleine de gros fauteuils rouges bien confortables, je pensais qu’on allait nous projeter un film, et soudain une vingtaine de gens est apparue sur scène et une splendeur harmonique s’est emparée de moi. Je pense que c’est de là que vient l’importance qu’ont pour moi la mélodie et l’harmonie, et pas seulement en musique d’ailleurs. J’ai commencé à tâter de la guitare vers 14 ou 15 ans. Je suis totalement autodidacte, en tout, et je ne suis pas particulièrement doté d’un don. J’ai longtemps joué sur une guitare désaccordée sans savoir qu’elle l’était, je ne savais pas qu’on pouvait faire des accords alors je bidouillais des trucs, j’essayais de sortir des airs connus ou inventés. Peu à peu, j’ai rencontré des gens qui savaient comment ça marchait et m’ont appris deux trois trucs. Puis d’autres encore, de plus en plus pointus. Plus tard, c’est encore les arts visuels qui ont pris le dessus et je suis devenu photographe, graphic designer, puis stratège et directeur de création en publicité et communication. Je me suis intéressé très tôt au web, et c’est bizarrement par le web que je me suis retrouvé dans le showbizz, parce qu’un mec à l’esprit pionnier a été le premier à vouloir être très présent sur la toile. Ce mec s’appelle Jean-Louis Aubert, et il m’a payé pendant plus de 7 ans pour que je crée et gère son site. Je l’accompagnais à peu près partout : studio, tournées, plateaux de TV, Nulle Part Ailleurs, Taratata, les répétitions, les rencontres avec ses collègues (Zazie, Axel Bauer, Yannick Noah, et aussi .. Sting, Brian Molko, Ute Lemper, Arno, Émilie Simon…). Quelques années plus tard, j’ai réalisé à quel point j’étais au service de quelque chose de pourri en étant dans la pub. Je venais d’avoir une petite fille, et je passais mon temps à créer des messages et des images pour vendre des rouges à lèvres à des adolescentes, ce qu’allait être ma fille plus tard. J’ai tout arrêté. Ou presque. J’ai juste gardé les artisans-boulangers. Et j’ai commencé à écrire des chansons, à me dire que ça serait sans doute une nouvelle aventure, utile celle-là.

Un jour, j’ai quitté mon quartier du 18eme arrondissement pour emménager dans le 11ème. Là j’avais pour voisin, entre autres, Gaëtan Roussel. On est devenu très proches, on passait beaucoup de temps chez l’un chez l’autre, ou dans notre rade-bar à vin de la rue de Charonne. On faisait souvent la fête, qui finissait en faisant tourner les guitares. Un jour sont arrivés Xavier et Vincent Polycarpe, Mathieu Parnaud… Je cherchais des musiciens pour enregistrer mon premier album. Trois mois plus tard on montait un studio dans l’appartement et on enregistrait. Puis Xavier, Vincent, Mathieu ont monté Gush, et nous sommes partis chacun sur nos routes, tout en gardant contact. J’ai ensuite pas mal roulé ma bosse, beaucoup joué dans Paris, j’ai ensuite commencé à écrire en anglais et suis parti souvent à Londres, puis Manchester, Swansea, Leeds, Sheffield, Dublin, Glasgow, et beaucoup d’autres villes outre Manche, pour tester ma musique et mes chansons face aux inventeurs du genre… avec succès. C’est d’ailleurs en revenant d’une petite tournée en Angleterre fin 2019 que j’ai décidé de lancer le grand projet… en mars 2020.
Mon actualité du moment : je suis en résidence dans un chalet tout en bois dans le Périgord Noir depuis octobre 2022, j’écris, je compose, je répète, et prépare un nouveau show, et un nouvel EP ou album.

Le Média en 4-4-2 : Comment as-tu traversé ces trois dernières années complètement folles ?

Erik Skar Baroux : Il y a eu l’annonce d’un “confinement”, je me demandais : “mais c’est quoi ce délire encore?”. Puis, il y a eu le “Nous sommes en guerre”, qui m’a rendu fou-furieux tellement, en bon pro de la com’, je décelais la stratégie de ce pseudo “chef de l’état”. Et puis quoi, que faire ? J’ai fait comme tout le monde, j’ai patienté 1 mois et demi. Je sortais tous les jours, notamment pour aller courir au moins 1 heure et demi et passais le reste du temps à préparer l’après. Par hasard, j’ai joué de la guitare et chanté sur le balcon, et me suis aperçu que les gens alentours écoutaient, applaudissaient, et en redemandaient. C’est devenu un rendez-vous 19h-20h assez régulier. J’ai appelé ça les “Live at The Balcony”, comme si le balcon était devenu un club-concert. Puis je suis allé jouer au pied des immeubles, qui se transformaient en arènes. Là, les gens étaient sur leur balcon et moi en bas. Comme tout le monde, j’attendais la fin du délire, qui n’arrivait pas. Puis, le petit président autoproclamé empereur de France a dit deux choses encore plus insupportables que d’habitude :
1- “Il ne fait pas bon avoir 20 ans en 2020” (20 ans, l’âge de ma fille aînée)
2- “Nous nous étions peu à peu habitués à être une société d’individus libres, nous sommes en train de réapprendre à devenir une nation”

Là. Mon sang n’a fait qu’un tour et j’ai décidé de ne plus me laisser faire, et d’agir. J’ai cherché à rejoindre une organisation quelconque, je me suis rallié à RéinfoCovid qui proposait de réinstaller l’espace du débat démocratique, ce qui me semblait être la chose juste à faire. Puis, avec et pour Réinfo, j’ai décidé de partir jouer en France là où c’était encore possible : la rue. J’ai monté une première tournée, puis une seconde, une troisième… J’ai appelé ça “La Tournée Fantastique”. Je pensais que ça durerait quelques semaines, quelques mois… J’ai tournée jusque fin 2022. J’ai rencontré plein de gens volontaires, courageux, mobilisés, réconfortés par ma présence parce que je leur apportais des nouvelles d’ailleurs qui les gonflaient d’espoir. Je suis SDF depuis plus de 2 ans, parce que j’ai préféré me doter d’un budget “route” à un budget “appart’’. Je pensais dormir dans ma voiture, mais finalement je n’y ai que peu dormi, tant les gens étaient mobilisés pour m’accueillir chez eux. Beaucoup sont devenus des amis extra, sans parler des “têtes d’affiche” comme Louis et Carole Fouché, Fabien Moine, Philippe Guillemant, Pierre Barnérias, Stéphane Chatry, Eric Loridant, David Bouillon, et surtout ma vaillante petite sœur Ingrid Courrèges et son fiancé Florian, avec qui je construis chaque jour une vraie voie alternative pour le spectacle, le divertissement, et la culture. J’ai retrouvé Jean-Louis Aubert et Gaëtan Roussel sur la route, fin 2021 et fin 2022, nous n’avons que très peu, voire pas du tout, parlé de tout cela. Juste, Jean-Louis m’a dit qu’’il adorait mon aventure de La Tournée Fantastique ». Puis j’ai retrouvé Xavier et Vincent Polycarpe, nous avons enregistré mon titre “Comme si c’était comme ça”.

Le Média en 4-4-2 : Comment vois-tu ton avenir et celui du monde la musique ?

Erik Skar Baroux : Étant donné ce qui s’est passé, je ne peux pas faire autrement que de poursuivre l’œuvre de construction de voies alternatives, tel que nous l’avons commencé Ingrid, Florian et moi, et sans doute d’autres que nous n’avons pas encore rencontré. Mais je vais aussi rentrer chez moi, d’ici peu, à Paris, et réintégrer le milieu du showbizz. Je sais que j’ai une place à y prendre. Je ne peux pas agir que de l’extérieur. Et puis, dans ce milieu aussi beaucoup de gens ont souffert, j’ai sans doute beaucoup d’aide à leur apporter.
L’avenir du monde de la musique ? Il n’y a pas UN monde de la musique, mais DES mondes de la musique. Il y a tout le mainstream, les institutions, le business, et il y a toutes les associations, les indé, la foule immense de musiciens inconnus… La musique est aussi vitale que l’eau et la nourriture, l’amour et le rire. Elle existait avant les banques, elle existera tant que l’humain existera. Certains s’enrichiront grâce à elle, d’autres pas. Certains joueront beaucoup, d’autres pas. En ce qui me concerne, je sais que ce sont les concerts qui me font vraiment vibrer, me faire ressentir ce pour quoi j’existe vraiment. Alors mon avenir dans la musique passera toujours majoritairement par le live. Et j’espère jouer avec plein d’autres artistes, partout dans le monde.

Le Média en 4-4-2 : Merci Erik de nous avoir accordé cet entretien. Nous te laissons le mot de la fin.

Erik Skar Baroux : Merci à vous de vous intéresser à moi, à mon travail. Que te dire pour finir ? Peut-être que je n’ai que trop entendu de gens me dire pendant ces trois ans : “Je n’ai pas eu le choix”. Et il est hors de question que je laisse à mes deux filles, à mes neveux et nièces, aux enfants des gens que j’aime, aux enfants et aux jeunes après moi, un monde qui ne laisse pas le choix. Tout en demeurant citoyens et respectueux des lois, des règles de vie en société, nous devons construire, nous affranchir, compter sur nous-mêmes et les uns sur les autres. Nous ne devons plus compter uniquement sur des institutions qui se protègent elles-même avant de protéger celles et ceux pour lesquels elles ont un jour été créées. À commencer par la grande institution locale appelée l’État Français.

Retrouvez Erik sur son site internet et sa chaîne Youtube.

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