Élections : Adrexo remplace La Poste, et c’est la cata !

mise à jour le 19/06/21

Vous non plus vous n’avez pas reçu les professions de foi des candidats aux élections régionales ? C’est anormal car elles devaient être envoyées au plus tard mercredi 16 juin. C’est la loi. C’est pourtant normal — le fameux « en même temps  » — car ce n’est pas La Poste, mais une boîte privée que le gouvernement a chargée de la distribution. Il s’agit de Adrexo. On peut se demander pourquoi privatiser et pourquoi avoir choisi cette entreprise en particulier. 

Un appel d’offre(s), mais un seul candidat, Adrexo

Un appel d’offres a été fait comme pour la présidentielle en 2017, soulevant les mêmes critiques du Sénat envers la privatisation de la distribution à l’époque : « non-acheminement des professions de foi ou acheminement très tardif, erreurs dans l’envoi, envois dans la mauvaise circonscription… Dans la première circonscription de la Drôme, l’enveloppe distribuée ne contenait que les professions de cinq des seize candidats…»

Réponse du ministère de l’intérieur du 13 mai 2021. Il explique que vous et les sénateurs vous n’êtes qu’une bande d’anachroniques : « Il semblerait totalement anachronique d’empêcher l’Etat d’externaliser la distribution de la propagande jusqu’aux boîtes aux lettres des électeurs, secteur qui est aujourd’hui ouvert à la concurrence, alors même que l’Etat s’efforce d’optimiser ses ressources dans le cadre d’une politique générale de meilleure gestion des deniers publics. […] Si La Poste était depuis plusieurs années le seul titulaire de ce marché, deux entreprises sont désormais titulaires et opérateurs postaux du marché, La Poste et Adrexo. »

Adrexo : une entreprise au bord de la faillite

Adrexo a cumulé 130 millions de pertes depuis 2017, pour 540 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2019. Avec 22 000 emplois en jeu, comment s’étonner que les relations sociales ne soient pas au beau fixe : travail dissimulé —  témoin le jugement en Cassation du 5 juin 2019 —, multiples procédures aux prud’hommes et au pénal par toute la France, retraités exploités comme des jeunes. Une gestion sans scrupule : Adrexo est allé jusqu’à verser les salaires en deux fois pour cause de trou dans la caisse… Les salariés, et même les retraités, ne sont jamais contents. Pourtant, explique cyniquement Frédéric Pons, un des dirigeants, à Marianne le 10 octobre 2009 :

« La livraison de prospectus est un exercice un peu physique pour cette main-d’œuvre vieillissante, mais nous rendons service à ces gens : grâce à ce boulot, ils économisent un abonnement au Gymnase Club. »

Le 24 février 2021, Adrexo sauve sa peau de justesse par une réduction de capital social. A sa tête, Frédéric Pons, Éric Paumier et Guillaume Salabert, conservent une fortune professionnelle de 99 millions d’euros. Pour eux, ça va. Mais pour leurs salariés en CDI, la surcharge de travail de l’opération Propaganda (la distribution des professions de foi des candidats aux élections régionales), ça ne passe pas.

Une gestion en zig-zag

Des intérimaires — il va de soi sous-payés — ont pris le relais… avant de démissionner. Jetez un œil sur une journée chez Adrexo :

« Nous sommes le vendredi 4 juin et attendons avec délectation la livraison des plis afin de préparer nos départs du lundi 7… Mais, encore et toujours ce même problème de logistique : le chauffeur ukrainien, conduisant un engin lituanien tractant remorque polonaise, ne sera pas au rendez-vous avant minuit. Donc, report concerté  à lundi.


On appelle les agences d’intérim car il nous faut fissa quatre personnes pour demain 8 heures.

Constat d’impuissance. Heureusement, des distributeurs acceptent de nous aider.

Conséquence désastreuse de cette gestion zig zag et pénalisante, les distributeurs permanents Adrexo ne veulent plus faire “Propaganda” et sur les 29 intérimaires présents la semaine précédente, une dizaine a jeté l’éponge. Il n’en reste plus que 20… »

On en viendrait presque à penser que Adrexo sert à saboter les élections. Mais on n’ira pas jusque-là. On préfère penser qu’il s’agit plutôt de promouvoir un modèle social à tous ces feignants qui paressent à La Poste.

Jacqueline pour Le Média en 4-4-2.

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